Portrait de Céline, référente parcours de santé complexes au DAC 77 Sud

28 août 2023

Bonjour Céline, pourrais-tu nous expliquer ton métier de Référent/Coordonnateur Parcours de santé complexes (RCP) ?

– Je travaille au sein d’un DAC, nos services sont financés par l’Agence Régionale de Santé (ARS) afin de venir en appui aux professionnels de santé. 

Le métier de RCP en lui-même est un métier de coordination de santé. Nous intervenons auprès de personnes dont la situation est considérée comme complexe par les professionnels de santé et qui pensent nécessaire la mise en place d’une personne dédiée à la coordination du parcours de santé au long cours. Nous allons coordonner l’ensemble du parcours de soins, en trouvant les professionnels idoines, lorsque ceux-ci ne sont pas déjà en place, et nous assurons aussi le lien entre tous ces professionnels de santé durant la prise en charge du patient, en programmant des réunions dites de synthèses avec tous les professionnels travaillant sur la situation.

Nous arrêtons notre accompagnement quand la situation est stabilisée.

Tu parles de situations complexes, c’est-à-dire ?

– Nous intervenons quand la situation est complexe dans sa globalité, que la personne n’est pas en mesure de la gérer, et qu’il n’y a pas d’entourage en mesure de prendre ce relais. Nous pouvons, par exemple, retrouver des personnes ayant plusieurs pathologies, ou des problèmes médicaux additionnés à des problèmes sociaux, etc ..

Même s’il n’y a pas de situation type, nous rencontrons fréquemment des patients âgés présentant des troubles cognitifs ou alors des patients souffrant d’addictions et de troubles psychiatriques, souvent les personnes présentent plusieurs pathologies.

Souvent la complexité réside dans le fait que les patients sont des personnes isolées, vivant à leur domicile et en rupture de soin. Chaque situation est singulière et nécessite que j’adapte mon accompagnement, mais toutes présentent un état de santé dégradé. 

Si la situation le permet, et si c’est son souhait, nous allons tout faire pour maintenir le patient à domicile. Si c’est impossible, nous l’aiderons à trouver une place dans un établissement d’accueil.

Comment fait-on appel à vous ?

– En règle générale, nous sommes contactés par un professionnel de santé s’inquiétant de la situation d’un de ses patients, qui par exemple ne passe pas ses examens ou ne donne plus de nouvelles, mais cela peut aussi être n’importe qui d’autre : professionnel libéral, une commune, un proche, parfois même un bailleur, etc.

Pour nous contacter, un seul numéro : 01 60 71 05 93

A quoi ressemble une semaine type pour toi ?

– Nous commençons la semaine par une réunion d’équipe, dans laquelle nous évoquons les demandes reçues à la cellule de réception des appels du DAC ou par mail. Nous choisissons en équipe le ou les compétences internes qui vont prendre en charge chaque situation.

Le reste de la semaine est consacré au suivi des patients et à la coordination entre tous les professionnels de santé sur les dossiers suivis. Bien sûr, les visites chez les patients occupent une place importante dans notre agenda. Il y a une vraie nécessité de les rencontrer, parfois il faut même les convaincre et les faire adhérer au fait que leur situation nécessite une aide. 

Notre territoire d’intervention, le sud de la Seine-et-Marne, est vaste et en grande partie rural, les temps de trajets doivent être pris en compte dans notre organisation. 

Comment devient-on RCP, qu’as-tu fait, toi, par exemple ?

– Il n’y a pas de diplôme spécifique « RCP » mais quelques universités proposent des DU « coordonnateur de parcours » et un diplôme inter-universitaire pour bientôt.

Il faut toutefois justifier d’une expérience significative comme travailleur social, paramédical, assistantes sociales, psychologues, infirmier, etc.

Pour ma part j’ai un DESS en économie de la santé protection sociale et vieillissement. J’ai commencé ma carrière dans les CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination). J’ai ensuite été mandataire judiciaire à la protection des majeurs, puis je suis arrivée à la MAIA (Méthode d’Action et d’Intégration Autonomie) dont la principale mission était le maintien à domicile des personnes âgées isolées, atteintes d’une maladie d’Alzheimer. Puis les MAIA ont intégré les DAC, et nous voilà !*

Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir RCP ?

– J’ai toujours cherché à me tourner vers le « prendre soin ». Le métier de mandataire judiciaire est très administratif. J’avais le désir de me diriger vers le soin et être au cœur de la prise en charge du patient. Ce métier a vraiment du sens, nous sommes là pour aider ceux qui en ont besoin.

Par ailleurs, qu’est ce qui te plait le plus dans ton métier ?

– Être au service de l’autre et au cœur du parcours de soin comme évoqué. Un vrai plus est qu’on ne s’ennuie jamais, il y a beaucoup de travail et toutes les situations sont différentes. En étant au cœur de la prise en charge, nous sommes aussi en contact étroit avec tous les professionnels de santé du territoire, c’est un métier humain où l’on rencontre beaucoup de monde. 

Nous avons évoqué de nombreux points positifs à ce métier, mais existe-t-il des difficultés particulières dans sa pratique ?

– Parfois, quand les choses ne se passent pas comme prévu, on peut se sentir un peu seul. Les situations que nous accompagnons sont très complexes, les partenaires sont démunis et parfois épuisés. Ils ont du mal à comprendre que nous ne pouvons pas tout faire ou tout résoudre et que notre rôle est aussi de chercher l’équilibre entre le souhait des personnes accompagnées, ce qu’elles acceptent et les attentes des partenaires.

C’est un sujet très médiatisé, mais dans ce métier la pénurie de soignants est très palpable, ici, dans le sud de la Seine-et-Marne. Nous avons beaucoup de difficulté à trouver les partenaires adéquats pour chaque situation, surtout lorsqu’on s’éloigne des centres urbains.

Le mot de la fin ?

– On voit que le métier se structure un peu, notamment avec un référentiel de missions et un nouveau diplôme, on parle davantage de nous, mais il y a encore des progrès à faire. Ce métier gagnerait à être davantage reconnu et compris, notamment par les professionnels avec lesquels nous travaillons, de manière à ce qu’ils comprennent mieux notre cœur de missions.

* (NDLR): Céline est dans l’Association depuis 2018, elle a connu une évolution significative de son métier lors de la fusion des dispositifs MAIA et des dispositifs d’appui en DAC, avec une diversification des publics accompagnés (les DAC étant « tout parcours de santé ») et sans critère strict d’inclusion sur la complexité désormais.
Top